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Signer la pétition en ligne pour le retrait du concept "Voisins vigilants" dans les Vosges : http://www.petitionduweb.com/Non_a_la_derive_securitaire_de__Voisins_vigilants-7890.html

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La vidéosurveillance : est-ce vraiment efficace ?

L'association départementale de lutte contre les dérives sécuritaires (LDS 88) souhaite réagir à la suite du compte-rendu du conseil municipal de la commune de Remiremont paru dans les colonnes de « l’Echo des Vosges » et de « Vosges matin » le 1er Octobre dernier.

Nous nous étonnons de la somme colossale, ponctionnée sur des deniers publics, dépensée par la commune de Remiremont (390 000 euros) pour l’achat et l’installation de 38 caméras de vidéosurveillance au centre ville, mais aussi aux abords du plan d’eau. De façon plus générale, nous nous inquiétons de la recrudescence du nombre des communes vosgiennes qui ont recours de façon excessive à ces systèmes dits de « vidéo-protection » (à Remiremont donc, mais aussi à Neufchâteau). Va-t-on vers une généralisation de cet outil dans toutes les communes vosgiennes ?

Et pourtant, nombres de professionnels indépendants, affirment en le démontrant scientifiquement que ces dispositifs sont extrêmement coûteux pour une efficacité quasi nulle : les caméras n’ont aucun impact sur les violences physiques, lit-on dans de nombreux rapports d’experts. Leur effet sur les vols est faible et essentiellement limité aux effractions et aux vols dans certains parkings à risque. En Grande-Bretagne, pays précurseur et « exemplaire » en matière de vidéosurveillance, même les policiers l’avouent avec le recul : la vidéosurveillance n’a résolu que 3 % des vols commis sur la voie publique à Londres. Alors pourquoi, en France, aurions-nous de meilleurs résultats ?

L’idée que le monde est de plus en plus violent est, au risque de choquer l’opinion publique, une idée fausse. Selon le criminologue Manuel Eisner, la mortalité par homicide atteignait une fréquence de 40 pour 100 000 au 15ème siècle dans les grandes villes européennes. Aujourd’hui, elle a drastiquement chuté à 1,1 pour 100 000. Alors pourquoi avons-nous l’impression d’être envahis par des hordes de barbares ? N’y aurait-il pas un impact médiatique très marqué dans nos consciences ? Les récupérations politiques systématiques des faits divers, bien que cruels, ne sont-elles pas de nature à générer un climat anxiogène permettant à la population d’accepter sans se poser de questions la mise en place de mesures sécuritaires pourtant dangereuses pour les libertés fondamentales et le respect des vies privées à l’instar du dispositif « voisins vigilants » expérimenté dans plusieurs communes vosgiennes ?

Il est grand temps que nos élus locaux prennent enfin conscience que la vidéosurveillance nous dérange, même si nous n’avons rien à nous reprocher. Et affirmer que de toute façon nous sommes dans une société de surveillance alors « un peu plus, un peu moins » est une grave erreur d’appréciation. Et ce n’est pas faire preuve d’angélisme car nous ne disons pas qu’il n’y a pas de problème de délinquance ; seulement dans une société où les inégalités se creusent, ce n’est pas 40 caméras disposées aux quatre coins de nos communes qui vont résoudre les problèmes.